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Retour24 janvier 2025
Véronique Bossé - vbosse@medialo.ca
Impossible de venir en aide à un jeune orignal
©Photo : gracieuseté - Dominic April
Le jeune orignal en question.
Un homme originaire de Rivière-du-Loup, Dominic April, dénonce une situation survenue en décembre dernier, alors qu’il lui a été impossible de venir en aide à un jeune orignal, trouvé sur un terrain à Saint-Antonin, dans la MRC de Rivière-du-Loup.
Tout a commencé lorsqu’un ami de monsieur April l’a contacté pour lui faire part de la situation.
« Il m’a dit qu’un jeune orignal était empêtré dans du branchage et qu’une fois libéré, il n’arrivait pas à se lever. Il m’a aussi dit que les agents de la faune avaient déjà été contactés et qu’ils étaient censés passer dans la journée », raconte Dominic April qui ajoute qu’aucun agent de la faune ne s’est rendu sur les lieux.
Une fois mis au fait de la situation, il entreprend de contacter différents refuges pour animaux sauvages, dont SOS Miss Dolittle situé près de Lévis et le Havre de la Faune qui se trouve à Saint-Fabien. Si le refuge Miss Dolittle était prêt à accueillir l’orignal, il lui était impossible de le faire sans l’autorisation du ministère de la Faune.
« J’appelle alors SOS Braconnage, parce que c’est le temps des fêtes et que le ministère de la Faune est fermé. Au téléphone, j’explique à la personne qui prend mon appel la situation : un organisme est prêt à prendre en charge l’animal, tout ce que ça nous prend, c’est une autorisation. On me répond : très bien, quelqu’un vous contactera aujourd’hui. Encore une fois, personne ne me rappelle. Pourtant, quelqu’un de Lévis était prêt à venir chercher l’orignal et j’avais un ami, qui avait une remorque, qui était prêt à le transporter jusqu’au Havre de la Faune à Saint-Fabien, qui était aussi d’accord pour accueillir l’animal. Tous ont répondu à l’appel, sauf le ministère de la Faune. »
Par après, monsieur April apprend que le ministère à contacté SOS Miss Dolittle, mais que la requête pour déplacer l’animal est refusée et qu’il faut « laisser la nature faire. » Il a alors tenté d’avoir l’autorisation du ministère pour déplacer l’animal au Havre de la Faune, mais il n’a pas été possible de rejoindre les agents.
Une situation déplorée
Dominic April déplore non seulement le manque de communication de la part du ministère, mais aussi le fait qu’un animal souffre sans que personne ne puisse lui porter assistance.
« Je connais un vétérinaire, à la retraite, qui est allé voir l’animal. Il lui a examiné les pattes et il a conclu que l’orignal n’y avait pas subi de blessures et que son état était sûrement attribuable au fait qu’il était resté coincé sans pouvoir s’alimenter et donc, qu’il était épuisé. Il avait aussi possiblement perdu sa mère, parce qu’elle n’avait pas été aperçue. L’animal aurait très bien pu s’en remettre. »
Le jeune orignal est finalement mort.
« Ce n’est pas normal de laisser un animal souffrir pendant 24, 48 ou 72 heures, alors qu’on sait très bien que les mammifères, toutes espèces confondues, ressentent la douleur. Ce n’est pas correct. Si le ministère n’est pas capable de répondre à son mandat de protection de la faune, qu’il permette à la société civile qui est en mesure de le faire, d’agir. À l’inverse aussi, même si un animal est en détresse, légalement nous n’avons même pas le droit d’intervenir. »
Des réglementations strictes
La cofondatrice du refuge du Havre de la Faune, Claudia Parent, rappelle deux lois qui existent au Québec au sujet des cervidés.
« Il y a une loi qui stipule que les cervidés sont des animaux à déclaration obligatoire, ce qui fait en sorte que si on trouve un cervidé, on n’a pas le droit de le déplacer sans l’autorisation des agents de la faune au préalable. La deuxième loi stipule qu’il est interdit de déplacer un cervidé à plus de 75 kilomètres du lieu où il a été trouvé. Je pense que c’est pour cette raison que les agents de la faune ont refusé de déplacer l’orignal au refuge SOS Miss Dolittle de Saint-Henri-de-Lévis, parce que c’est clair que c’était à plus de 75 kilomètres de l’endroit où il était. »
« Si c’était un humain ou un animal domestique, ce serait criminel de le laisser là, alors pourquoi est-ce différent pour un animal sauvage? » - Claudia Parent, cofondatrice du Havre de la Faune
En effet, le refuge se trouvait à environ 100 kilomètres trop loin. Si madame Parent suppose que cette réglementation est la raison pour laquelle le refuge de Saint-Henri-de-Lévis n’a pas eu l’autorisation d’accueillir le jeune orignal, elle ne s’explique pas pour autant pourquoi des situations pareilles peuvent se produire.
« Si le gouvernement ne souhaite pas s'occuper des animaux sauvages blessés, orphelins ou malades, il pourrait néanmoins soutenir financièrement les organismes qui le font à sa place, ou à tout le moins ne pas entraver leurs interventions par autant de règlements et par l'inaction de ses agents de la faune », peut-on lire sur la page Facebook du Havre de la Faune.
Claudia Parent ne s’explique pas non plus pourquoi le bien-être des animaux sauvages n’est pas pris en considération comme celui des animaux de compagnies.
« Je voudrais dire merci à tous les gens qui s’arrêtent devant les animaux en difficulté et qui essaient de les aider au lieu de ne rien faire. Si c’était un humain ou un animal domestique, ce serait criminel de le laisser là, alors pourquoi est-ce différent pour un animal sauvage? »
Commentaires
24 janvier 2025
Steeve
C'est certain que si je trouve un animal en détresse je vais lui porter assistance du mieux que je peux. Vous aurez à me poursuivre ou pire à me mettre en prison. Il y a des limite à l'imbécilité humaine !