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Retour21 novembre 2024
Annie Levasseur - alevasseur@medialo.ca
Un premier prix d’écriture pour une Rimouskoise
Marathon intercollégial
©gracieuseté - Le Laurentien
La Rimouskoise Béatrice Loignon a obtenu la première position provinciale au 34e Marathon d’écriture intercollégial. L’événement se déroulait à la fin octobre dans trois cégeps de la province, dont celui de Rimouski.
L’étudiante de 2e année en option « création littéraire » du programme Arts, lettres et communication a d’abord récolté la deuxième place lors du Marathon de Rimouski auquel participaient une cinquantaine d’étudiants provenant de différents cégeps de l’Est-du-Québec. « Un jury local sélectionne trois gagnants et accorde deux mentions spéciales. Les textes sélectionnés sont soumis à un jury national et c’est parmi les 17 finalistes que j’ai été choisie pour la première place. Ça a été une surprise. C’est sans sommeil, donc j’étais fatiguée, contente, fière et étonnée. J’étais émotive et super fière de moi », exprime l’étudiante de 18 ans.
C’est grâce à son texte « Se réfugier dans un pamplemousse » que la Rimouskoise a raflé la première place du concours. Elle en était à sa deuxième expérience au Marathon d’écriture intercollégial qui s’étend sur 24 heures. « C’est super enrichissant parce qu’il y a des ateliers donnés par des auteurs et des écrivains de la région pendant tout l’événement. Ils nous apportent leurs connaissances littéraires en nous faisant participer à des activités. Nous avons un panel d’auteurs qui sont extrêmement compétents, dont nous pouvons nous inspirer et apprendre », affirme Béatrice Loignon.
Pour l’étudiante, le plus gros défi a été d’écrire malgré la fatigue. « Les barrières que nous avons habituellement en écrivant s’envolent au milieu de la nuit. Tu finis par abandonner l’idée que ce soit bon ou non et il en ressort des choses très intéressantes. Vers 3 h ou 4 h du matin, il y a une espèce de colère qui embarque et qui teinte les textes, mais c’est super nourrissant », dit-elle.
©gracieuseté - Cégep de Rimouski - Le Laurentien
« Ce que je touche, ce que j'effleure »
Béatrice Loignon s’est inspirée du thème « Ce que je touche, ce que j'effleure » fourni par la marraine de l’événement, Klô Pelgag, pour écrire son texte. L’étudiante s’adresse à Minette, un personnage qui se retrouve aussi dans un livre qu’elle écrit dans le cadre de ses études. « C’est un personnage que je connais bien et auquel j’étais déjà attaché. Je voulais lui offrir un refuge mystique sur le littoral que j’évoque comme étant un lieu de repos et de silence. C’est aussi un texte qui aborde la féminité et le fait de parler sans les pressions sociales qui font parfois qu’on ne se sent pas bien. J’amène le symbole de maison que j’aime beaucoup et que j’utilise dans mon livre », raconte-t-elle.
Cette reconnaissance encourage la Rimouskoise à poursuivre en littérature. Elle présentera son premier livre à la suite de ses études collégiales au printemps.
Le texte « Se réfugier dans un pamplemousse » :
Minette, quand tu auras le temps, il y a une maison que j’aimerais te montrer. Elle est là, humble et petite, sur le bord du littoral. Il te suffira de la chercher après les cornouillers et de faufiler ton corps entre les épines des rosiers sauvages. Tu la verras tout de suite, la cabane molle. Tu la reconnaîtras par le nez. Elle est parfumée, acide et sucrée. Quand tu voudras Minette, une belle maison ronde en pelures de pamplemousse t’attend. Elle se tiendra sur la berge. Elle restera tenace sous les grandes rafales de vent. Quand tu seras fatiguée du bruit des chars, épuisée de revendiquer la nécessité de l’incertitude, quand la violence des chauffeurs d’autobus pressés et tes propres hypocrisies te feront voir toute la laideur cachée chez les autres, elle t’attendra. Quand tu seras essoufflée à force de mentir et de cacher, quand tu te surprendras à craindre de finir comme ta mère, comme sa mère à elle et toutes les autres avant : insatisfaite et amère, Minette, la maison ouvrira ses pelures tièdes, t’invitera à te blottir dans les draps doux du lit. Tu verras que le plus réconfortant qu’elle t’offrira est une courte-pointe de vêtements. Peut-être que ta mère y était et que son chandail préféré t’y attend. Dans les tiroirs de la base de lit, le thé de l’amour, tes disques de Jean Leloup et les photos de ta naissance t’attendront. Tu pourras te raconter et saigner, tacher les draps et fondre paisiblement, dans la maison qui t’attend.
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