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06 novembre 2024

Véronique Bossé - vbosse@medialo.ca

Les agriculteurs lancent un cri du cœur

Les agriculteurs lancent un cri du cœur

©Photo : gracieuseté Unsplash.com

Le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, la présidente de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, Nathalie Lemieux et le préfet de la MRC de La Mitis, Bruno Paradis, ont tenu une conférence de presse en octobre, car ils se disaient préoccupés du fait que la majorité des producteurs agricoles de la région n’ont pas accès aux 200 M$ en aide annoncés par le gouvernement Legault, en juin dernier.

En effet, le député constate que malgré les promesses de soutien aux entreprises agricoles touchées par la hausse des coûts de production, la hausse des taux d’intérêt et les conséquences des changements climatiques, l’aide ne se concrétise pas pour la majorité des producteurs de la région.

« Les critères d’admissibilité de ces mesures sont trop restrictifs, excluant de nombreux producteurs qui ont pourtant besoin de soutien urgent. Les conditions économiques sont défavorables pour tous, mais les critères fixés par le gouvernement ne reflètent pas la diversité des réalités agricoles dans le Bas-Saint-Laurent, laissant la majorité des producteurs sans appui. L’industrie agricole joue un rôle crucial pour la sécurité alimentaire et l’économie locale. Il est donc impératif que les mesures mises en place soient adaptées aux besoins des producteurs », a souligné Pascal Bérubé.

Faire état de la réalité

Afin de faire la lumière sur les enjeux qui affectent le secteur agricole de la région, trois agriculteurs étaient présents lors de la conférence de presse pour partager un aperçu de leur réalité.

Le premier témoignage provenait d’un reproducteur laitier de 37 ans de Sainte-Angèle-de-Mérici, Mathieu Langlois, qui a réalisé son rêve de reprendre la ferme laitière et céréalière de son père en 2017. Malheureusement, il explique que l’augmentation des charges d’intérêts et l’explosion des coûts d’achats des pièces et des équipements sont devenues insoutenables depuis les dernières années.

Les agriculteurs lancent un cri du cœur

©Photo Médialo – Véronique Bossé

L’agriculteur Mathieu Langlois

« En agriculture, il faut 8 $ d’investissement pour un dollar de revenu. Ces mêmes taux se sont vite fait dépassés depuis déjà quelques années. À cela se sont ajoutées de nouvelles normes et réglementations qui grugent notre vie au quotidien, comme si ce n’était pas assez de travailler des journées de 14 ou 15 heures. »

Monsieur Langlois rapporte que malgré une efficacité de 84 % pour son troupeau laitier et une efficacité de 91 % dans les champs, la dette totale de son entreprise est d’une valeur de 54 % et selon son groupe conseil, les deux dernières années se sont terminées avec un déficit.

« Ce stress financier a fait en sorte que je n’ai pas pu remplacer un employé après un départ l’an dernier. J’ai aussi dû prolonger un prêt pris en 2018, au moment du rachat de l’entreprise. Il y restait 18 ans de terme à payer. J’ai dû le prolonger sur 25 ans, car il n’y a aucune aide récente annoncée par le gouvernement qui est venu impacter mon entreprise à son juste niveau. »

Des choix difficiles qui s’imposent

Le deuxième témoignage provient d’un agriculteur de Baies-des-Sables, Jonathan Fortin, qui fait qui possède les parts majoritaires de son entreprise agricole depuis 2016. Monsieur Fortin indique qu’en plus des coûts qui augmentent, son entreprise a dû composer avec un nouvel enjeu cette année : le manque d’eau. S’il a réussi à s’adapter pour surmonter cette épreuve, l’agriculteur n’était pas pour autant au bout de ses peines en raison d’importantes pertes lors des coupes.

Les agriculteurs lancent un cri du cœur

©Photo Médialo – Véronique Bossé

L’agriculteur Jonathan Fortin

« J’ai appelé à la financière pour savoir si on aurait un paiement, parce que normalement on a une assurance pour ce genre de chose. Je me suis fait dire que les données n’avaient pas été comptabilisées et que le calcul était différent des années précédentes. Dans notre domaine, il faut savoir s’adapter rapidement quand surviennent des situations. Je mets en moyenne 15 000 $ de chaux, chez nous par année, à la grandeur du terrain. J’ai hypothéqué mon avenir et je ne l’ai pas mis parce que je ne savais pas si on aurait un paiement. S’ils ne me payent pas et que j’ai payé ma prime de cotisation, que va-t-il me rester? Je dois trouver l’argent pour les fournisseurs. Je n’ai donc pas mis de chaux, parce que je devais couper quelque part et que je ne peux plus couper dans les employés. Depuis mai, je travaille de 90 à 100 heures par semaine. Ça fait des années que c’est comme ça. »

Impossible de vivre de sa passion

Le troisième témoignage est celui de Patricia Garon, qui s’est présentée comme étant une « future ancienne » productrice ovine de La Mitis. Bien qu’elle possède sa propre entreprise agricole depuis environ six ans, madame Garon a un deuxième emploi, car il ne lui est pas possible de se payer un salaire.

Les agriculteurs lancent un cri du cœur

©Photo Médialo – Véronique Bossé

L’agricultrice Patricia Garon

« Il y a des jours où je travaille 20 h. Il y a des jours où je dors 6 h et que j’en travaille 48. Présentement, mon entreprise n’a qu’une dette à court terme. Je n’ai aucun prêt et aux yeux des institutions financières je suis insolvable pour une marche de crédit. Quand je dois couper, c’est mon épicerie qui écope. Les mesures annoncées pour soutenir les agriculteurs ne pourront pas répondre à mes besoins. Je n’ai pas d’intérêts ni de compte dans le négatif. Je n’ai pas non plus de terres agricoles, j’achète tous mes intrants. Je pourrais continuer, mais ce que je retiens le plus des deux dernières années, c’est que pour essayer de vivre ma passion, j’ai dû prendre la plus grosse des dettes. J’ai hypothéqué ma santé physique et ma santé mentale a son compte en souffrance. À quel prix est-ce qu’une passion doit continuer à vivre? Pour moi il est trop tard, le diagnostic est tombé. Je dois faire le deuil de mon entreprise, avant que ma famille ne doive faire son deuil de moi. »

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