Opinion
Retour03 mai 2024
L'enjeu de l'itinérance
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Le maire de Rimouski, Guy Caron.
Par Guy Caron, le maire de Rimouski, au nom de la Cellule de crise en itinérance de Rimouski - La lettre ouverte publiée vendredi dernier au nom du Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec nécessite des clarifications et nous apparaît comme une excellente occasion de transmettre des informations permettant de mieux comprendre le Règlement encadrant les abris temporaires pour les personnes en situation d’itinérance sur le domaine public municipal.
D’emblée, la Ville et les membres de la Cellule de crise sont très sensibles à l’enjeu de l’itinérance. La Ville ne nie pas sa part de responsabilité et le règlement a justement été rédigé afin d’affirmer le droit des personnes en situation d’itinérance de s’abriter et d’en déterminer les balises à Rimouski. L’objectif est de favoriser la cohabitation sociale, la tolérance et le respect, mais aussi de travailler en concertation, en sensibilisation et en collaboration avec les intervenants qui travaillent directement sur le terrain. Nous l’avons toujours positionné clairement : notre objectif n’est en aucun cas d’entrer dans la judiciarisation. C’est pourquoi nous guidons l’ensemble des actions dans une approche d’intervention humaine à l’égard des personnes vivant en situation d’itinérance, et ce, entourés des acteurs clés du milieu pour y arriver.
Il est vrai que l’enjeu de l’itinérance s’est amplifié à Rimouski depuis les deux dernières années. S’il y avait de l’itinérance cachée auparavant, elle est aujourd’hui très visible comme nous avons pu le constater dans les kiosques du parc de la Gare l’an dernier.
Il faut cependant savoir que les personnes en situation d’itinérance sont en très grande majorité des personnes de l’extérieur de Rimouski. Comment le savons-nous? En partie en raison du Plan d’action régional et communautaire intégré en matière d’itinérance (PARCI) et des intervenants sociaux qui travaillent auprès d’elles au quotidien, mais aussi parce que la Ville de Rimouski finance déjà un programme, le Service d’aide à la recherche de logement (SARL), géré par l’Office d’habitation Rimouski-Neigette (OHRN), aussi soutenu par la Société d’habitation du Québec. Celui-ci permet aux Rimouskoises et Rimouskois qui perdent leur logement d’être relocalisés de façon temporaire pour ne pas se retrouver à la rue.
La Ville de Rimouski reconnaît également qu’elle a une responsabilité selon l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés, d’assurer la sécurité des personnes en situation d’itinérance, même si elles ne sont que de passage sur son territoire.
Maintenant, quelles ont été les actions concrètes de la Ville dans la dernière année?
Malgré l’illégalité des abris temporaires l’été dernier, lesquels mettaient à risque la tenue du Marché public de Rimouski, la Ville a pris acte de la situation pour mieux comprendre cette nouvelle réalité.
Elle s’est entourée des bonnes ressources et a mis sur pied une Cellule de crise en itinérance. Celle-ci est composée des membres de la Ville de Rimouski, de la Sûreté du Québec, du CISSS du Bas-Saint-Laurent, de l’organisme En tout C.A.S., du Répit du Passant, de l’Auberge du Cœur le Transit et d’Action Populaire Rimouski-Neigette. Le but? S’assurer que nous travaillons toutes et tous vers un objectif commun, en mettant à profit nos champs de compétences respectifs.
Depuis près d’un an, les membres se réunissent plusieurs fois par mois, voire par semaine, pour échanger sur la réalité du terrain, évaluer les besoins et adapter l’intervention sociale à la réalité locale de Rimouski. Une fine analyse des réglementations, cadres d’intervention et meilleures pratiques, tant au Québec qu’au Canada, a également fait partie de la démarche.
Soulignons également qu’en tant que maire, je fais partie du Comité sur l’itinérance de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), dont sont membres une quinzaine de villes et présidé par le maire de Québec, Bruno Marchand.
L’an dernier, près de 90 000 $ ont été investis par la Ville dans son Service d’aide à la recherche de logement (SARL) géré par l’Office d’habitation Rimouski-Neigette (OHRN). L’organisme a ainsi accompagné 500 ménages et permis à 17 ménages d’être relogés à même le service d’urgence et ainsi d’éviter l’itinérance. Nous travaillons donc en amont et nous nous attendons à devoir investir davantage dans le futur. C’est la responsabilité de la Ville à l’égard de ses citoyennes et citoyens.
Au sujet du règlement adopté par le conseil municipal récemment
Celui-ci a été préparé en partenariat avec les membres de la Cellule de crise en itinérance. Des gens impliqués qui sont intervenus directement auprès des personnes vivant l’itinérance l’an dernier.
Le règlement définit trois types de lieux en ce qui a trait à la création d’abris temporaires :
- Les endroits où cela sera interdit, comme les kiosques permanents ou semi-permanents, les abribus, les terrains de sports et les gradins, ou les parcs de jeux pour enfants, par exemple;
- Les parcs municipaux (comme le parc Beauséjour, le parc Ernest-Lepage ou les parcs de quartier), où il sera possible de monter un abri temporaire après 20 h, mais où cet abri devra être démonté au plus tard à 7 h;
- Tous les autres espaces publics, où les abris temporaires pourront être érigés durant la journée, mais devront tout de même se conformer à des règles en matière de salubrité et de sécurité.
Il est donc faux de dire que toutes les personnes en situation d’itinérance seront forcées à démonter leur tente à 7 h le matin. Au contraire, elles seront informées par les intervenants sociaux des endroits où un tel abri temporaire pourra demeurer plus longtemps. Une assistance pourra, dans certains cas, leur être fournie.
La Ville de Rimouski travaille en parallèle à la création d’un lieu d’hébergement, un bâtiment qui pourrait abriter un certain nombre de personnes en situation d’itinérance, avec le concours d’un OBNL à être créé et des ressources psychosociales, incluant des spécialistes en santé mentale et en dépendance.
Manque-t-il de logements sociaux et abordables à Rimouski? Bien sûr que oui. C’est pourquoi la Ville collabore au développement de centaines de logements qui seront sous les prix du marché avec les projets du Groupe Angus, Han-Logement, UTILE, La Logeri, Serviloge, l’Office d’habitation Rimouski-Neigette et d’autres partenaires à être confirmés.
La Cellule de crise en itinérance continuera de se rencontrer pour intervenir directement auprès des personnes en situation d’itinérance et proposer des mesures visant à la fois à assurer leur sécurité, assurer la meilleure conciliation de cette réalité avec l’ensemble de la communauté rimouskoise et travailler à des initiatives visant à réduire l’itinérance à Rimouski.
La Cellule de crise en itinérance a également contribué au développement d’une foire aux questions répondant aux interrogations les plus fréquentes des citoyennes et citoyens, qui peut être consultée au www.rimouski.ca/itinerance.
Nous sommes conscients que la situation évolue rapidement, que les solutions doivent s’adapter et c’est pourquoi la Cellule de crise en itinérance continuera de se rencontrer fréquemment. Le règlement s’inscrit dans une démarche beaucoup plus exhaustive, en réfléchissant et en agissant en concertation avec les acteurs du milieu pour établir des actions pérennes en soutien aux personnes en situation d’itinérance.
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