Communauté
Retour27 juillet 2023
Véronique Bossé - vbosse@medialo.ca
Détruire les préjugés un plongeon à la fois
PRIX CHAPEAU, LES FILLES!
©Photo : Journal Le Laurentien - Véronique Bossé
Kelly Rancourt est finissante du programme de plongée professionnelle de l’Institut maritime du Québec (IMQ).
La finissante du programme de plongée professionnelle de l’Institut maritime du Québec, Kelly Rancourt, s’est récemment vu décerner le grand prix du concours Chapeau, les filles! et son volet Excelle Science qui soulignent le travail des femmes qui étudient dans une discipline dont le domaine est à prédominance masculine.
Le programme de plongée professionnelle de l’IMQ se donne sur un an et contient deux volets : celui de la plongée autonome et celui de la plongée non autonome. Le premier correspond à une plongée où le plongeur n’est pas relié à la surface, outre un canal de communication. Le second offre plus de possibilités.
« Comme nous sommes en alimentation avec la surface, nous n’avons pas de limite d’air et nous avons le gros casque qui nous permet de faire des travaux de construction dans l’eau. »
Elle explique qu’il s’agit du même principe que celui de la construction en surface. « Ça prend un casque pour travailler, alors ça prend un casque dans l’eau. »
La plongée professionnelle comme métier
Kelly Rancourt raconte que le cours qu’elle a suivi à l’IMQ n’apprend pas aux étudiants à plonger. Il leur apprend à travailler dans l’eau. Ainsi, avoir de l’expérience en plongée est un prérequis.
D’ailleurs, le métier de plongeur professionnel requiert d’être en mesure d’effectuer plusieurs tâches qui se rattachent aux métiers de la construction : bétonnage, soudure, menuiserie et ainsi de suite.
« C’est très riche et condensé comme programme. Nous avons pu toucher à tout et ç’a été très enrichissant pour moi qui n’avais pas d’expérience dans les travaux manuels. »
De répartitrice à plongeuse professionnelle
Née en Ontario, Kelly a déménagé sur la rive sud de Montréal avec sa famille alors qu’elle était plus jeune, pour ensuite s’établir à Granby. La jeune femme a donc déménagé à Rimouski pour faire ses études.
Elle a fait le plongeon pour ce domaine peu commun au début de la pandémie.
« À cette époque, j’étais répartitrice au 911, puis mon père m’a recommandé d’écouter quelque chose sur Netflix et il y avait des scaphandriers dans le film. Déjà je faisais de la plongée sous-marine, d’où la connexion avec ce film. J’ai découvert l’existence de ce métier à travers le film, parce que je ne savais pas que ça existait. »
Réalisant alors que de travailler dans un bureau à temps plein ne lui convenait pas, elle opte pour un métier qui est loin d’être routinier.
©Photo : gracieuseté
Kelly Rancourt avec l’équipement de plongée.
Faire sa place dans un milieu d’hommes
Ce n’est pas anodin si le programme de plongée professionnelle s’accorde avec Chapeau, les filles! La cohorte de douze étudiants ne comporte qu’une fille : Kelly.
« J’aime savoir que je brise les stéréotypes et que je contribue aux changements de mentalités. Ce qui me rend vraiment fière, c’est de montrer aux hommes qui me considèrent comme inapte, fragile ou faible que je ne suis pas comme ça. »
« Étant la seule femme et n’ayant pas vraiment d’expérience dans les travaux manuels avant, ça a été tout un défi de voir tous les autres qui avaient une certaine facilité avec les tâches qui étaient demandées. C’était un peu intimidant, mais rapidement je me suis rendu compte que les gars dans mon cours étaient là pour moi et que ça leur faisait vraiment plaisir de me montrer comment ça fonctionnait. J’étais un peu méfiante au début, mais je m’y suis faite à la longue. »
Croire en ses chances
Elle termine avec un message pour les femmes qui liraient l’article et qui seraient inspirées à suivre ce programme.
« Je vais être transparente, ce n’est pas facile, mais ça devient de plus en plus facile pour les femmes d’occuper un métier traditionnellement masculin. Souvent, on est la graine du changement et ça va tout le temps devenir de plus en plus facile pour les femmes, dans le futur, qui souhaitent emprunter la même voie. »
« Il faut aussi se rappeler que la croissance, ce n’est pas quelque chose de linéaire. Il y a des hauts et des bas. J’en ai vécu des bas, l’épaule de mon conjoint a absorbé beaucoup de larmes. L’idée que je m’en fais est comme celle d’une plante. Pour grandir, elle a besoin de soleil, mais elle a aussi besoin d’ombre pour pousser. »
Commentaires