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Retour06 avril 2022
Mireille Lévesque - mlevesque@lexismedia.ca
Pourquoi notre crabe des neiges coûte si cher
EXPLICATIONS ET SOLUTIONS

©Photo : gracieuseté du Facebook de Manger notre St-Laurent
En 2021, le crabe des neiges coûtait 16,30 le kg au débarquement (prix stable au quai, étude de l'IREC). Une hausse de 20 à 30 % est annoncée en 2022 sur le prix au débarquement (données anticipées, pas encore colligées). Cette année, on voit des crabes vivants vendus autour de 21 $ la livre en poissonnerie à Montréal et autour de 15 $ la livre à Rimouski (nouvelle étape de la chaîne où les prix varient d'une région à l'autre selon les frais de transport, de conservation, etc. pour que le commerçant ait sa juste part).
« Comme restauratrice, je peux continuer de vendre le crabe des neiges, mais je dois être capable d’expliquer pourquoi les clients paient 50 ou 60 $ pour une petite portion alors qu’il s’agit d’une ressource d’ici », précise Colombe St-Pierre, porte-parole de l’organisme Manger notre St-Laurent, qui tenait un Facebook Live lié au sujet sur sa page ce 6 avril.
La chef profite de la sortie de l’étude Le prix du crabe des neiges : comprendre les mécanismes et les enjeux économiques qui vient tout juste d’être publiée par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC). Elle était accompagnée des deux coauteurs, les chercheurs Gabriel Bourgault-Faucher et François L’Italien. Les quotas ont augmenté dans le golfe du Saint-Laurent, mais les prix bondissent, donc la question devait pour eux être creusée.
Les résultats de l’étude menée par l’IREC démontrent effectivement que de 2010 à 2021, le prix du crabe des neiges au débarquement a plus que quadruplé, ce qui constitue un taux de croissance de 14 %. François L’Italien commente : « Le prix est fixé par le marché mondial, donc établi par les États-Unis et transmis ensuite au Québec. Une proportion de 75 à 90 % du crabe est exportée à l’international, alors que 95 % de cette exportation est faite aux États-Unis, qui fixent le prix de référence. Les stocks sont vendus avant la saison de pêche et ne sont pas écoulés moins cher ici. »
Alors que la demande augmente pour ce produit, notamment au Japon, en Chine et aux États-Unis, l’offre globale diminue. Le Québec produit 7 % des débarquements mondiaux de crabe des neiges. Cependant l’Alaska qui en génère normalement 35 % a diminué sa production de 90 000 tonnes entre 2015 et 2019 – elle est coupée de 88 % en 2022 par rapport à 2021 – et le conflit entre la Russie et l’Ukraine amène un probable boycottage du crabe russe aux États-Unis.
Pour diriger davantage le prix vers les Québécois, les intervenants de la conférence proposaient deux pistes de solution. La première : créer un mécanisme de stabilisation des prix du crabe, qu’ils considèrent difficile à avaler sur le coup pour les pêcheurs mais deviendra un filet de sécurité lors des mauvais jours. La deuxième : mettre sur pied un Fonds de diversification des pêches financé par une partie des rentes du crabe. « C’est nécessaire, car les changements climatiques affecteront de manière brutale ce qui se passe dans l’eau », conclut Gabriel Bourgault-Faucher.
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